Lettre aux amis du monde entier buveurs de bon vin de Bordeaux... et d'ailleurs

 














NOS VOYAGES

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Samedi 17 et dimanche 18 juin 2000
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MILLÉSIMA, CHÂTEAUX PEYRABON, DUCRU-BEAUCAILLOU, LA TOUR DE BY, LOUDENNE, CHARMAIL
Samedi 17/6/00, accueil à Millésima par Patrick Bernard, son fondateur en 1983. Initialement entrepôt d'alcools (stockés au centre des bâtiments), le chai abrite sur 5000 m2 quelque deux millions de bouteilles, dont l'âge peut remonter à 30 ans pour les vins de Bordeaux et à beaucoup plus pour les alcools, - eau de vie, cognac et armagnac notamment. On suit des allées de caisses bois, empilées parfois jusqu'au plafond (5 à 6 m), alignées sur des centaines de mètres, à 17° constants. Nous pénétrons dans la"salle impériale", aménagée à la fois comme un studio et un coffre-fort et remplie à ras bords d'impériales justement (6 litres) et autres grands formats, Jéroboams (5 l), doubles magnums (3 l) et magnums (1,5 l) des très grands crus. À voir se côtoyer autant de vins illustres - le "grand vin de Laffite", Château Margaux, Latour, Ausone, Cheval Blanc, Mouton, Haut-Brion, Yquem... - impeccablement stockés au millimètre près, on a l'impression de se trouver au coeur du Fort Knox du vin.

Millésima offre tous les grands crus bordelais (et des hauts de gamme d'autres vignobles célèbres français et étrangers) par correspondance (couponing, téléphone et internet). Et aussi des "verticales" (un même château, plusieurs millésimes), des "horizontales" (un même millésime, plusieurs châteaux) et des caisses de grands millésimes vieux. Prix considérés comme élevés. Mais difficile de trouver moins cher ailleurs une telle quantité de classés 1ers et top seconds. En cherchant bien, on trouve des occasions, notamment dans leurs domaines (Hourtin-Ducasse, La Solitude, Peyrabon, Lafleur-Peyrabon), et leurs vins génériques, provenant de sélection de grands châteaux (Ducru-Beaucaillou pour le Saint-Julien, Grand-Puy Lacoste pour le Pauillac, par exemple).
Catalogue sur demande au 05 57 808 819; site internet: www.millesima.com

Vers 13h30 à Château Peyrabon, où nous retrouvons Hélène Bernard et François-Xavier Borie (propriétaire de Ducru-Beaucaillou) et son épouse. Le domaine a été acheté en 1998 par Millésima et entièrement rénové (cuviers, chai, accueil). Il couvre 54 ha dont 6 ha en Pauillac, produit Peyrabon (AOC Haut-Médoc, Saint-Sauveur), La Fleur Peyrabon (Pauillac) et un 2ème vin, Château Lapiey. Production totale 300 000 b/an. Dégustation des Peyrabon et La Fleur 1997, 1998 et 1999. Chacun des vins, rond, d'une complexité raisonnable, paraît agréablement boisé: l997 buvable dès maintenant, 1998 plus puissant et classique et 1999 prometteur, - ce dernier à comparer selon Patrick Bernard au millésime 1985 -. Au cours du déjeuner commencé avec le Peyrabon 97, nous est servi en carafe un vin à l'étoffe grandiose et d'une belle et grave rondeur: révélation, c'est un 1989 Ducru-Beaucaillou, où nous nous dirigeons maintenant.

Les deux tours carrées victoriennes encadrant le château Ducru-Beaucaillou, situé à Saint-Julien sur une hauteur dont le terrain descend en douceur jusqu'à la Gironde, resplendissent dans le soleil de la fin d'après-midi. Propriété depuis 1942 de la famille Borie, Ducru-Beaucaillou, 2ème cru classé St-Julien, jugé l'équivalent d'un 1er cru, a une superficie de 50 ha et produit 210 000 b/an et 60 000 de 2ème vin (La Croix de Beaucaillou). Accueil par Mme Jean-Eugène Borie (décédé en 98) et visite du nouveau chai, belle architecture contemporaine, semi-enterré, climatisé par brassage lent, qui peut acueillir 1000 barriques au sol. La dégustation porte sur le 2ème vin en 98 et le 1er en 99, tout en majesté, ampleur symétrique, finesse racée. Au moins 10 ans d'âge pour les vignes dont les grappes sont sélectionnées pour le 1er vin, qu'il faut attendre 10 ans, et qui peut durer 30 ans et plus.

Retour à Bordeaux à 20h30 avec Benoît Vigoureux, directeur commercial de Lucien Lurton & Fils (ce viticulteur a offert en héritage un château à chacun de ses (dix) enfants) et qui démarre leur maison de négoce, venu spécialement pour nous faire déguster certains de leurs primeurs 99, dans l'ordre:
- Duplessis, Moulis (Marie-Laure Lurton-Roux) 44 F ttc
- Bouscaut, Pessac-Léognan (Sophie Lurton-Cogombles) 95 F ttc
- Chasse-Spleen, Moulis (Claire Villars-Lurton) 106,5 F ttc
- La Tour de Bessan, Margaux (Marie-Laure Lurton-Roux) 60 F ttc
- Le Baron de Brane, Margaux (2ème de Brane-Cantenac) 82,5 F ttc
- Brane-Cantenac, Margaux (Henri Lurton) 155 F ttc
Le rapport prix/qualité optimum se porte sur La Tour de Bessan, sans doute un nouveau Château Notton, ce Margaux (maintenant déclassé en 3ème de Brane-Cantenac et devenu cher) qui le premier nous a réunis autour de ce qui est devenu "Mmmm... ton vin".

Dimanche 19/6/00, arrivée vers 10h45 à Bégadan, au château La Tour de By, où nous accueille le Dr Alain Richer de Forges, ex-colonel de santé, que son beau-père (Marc Pagès, propriétaire aussi de Château Noaillac à Jau, plus au nord) est venu chercher pour reprendre le grand vignoble de 74 ha, situé sur Bégadan et Saint-Christoly. Cet AOC Médoc cru bourgeois, membre de l'Union des Grands Crus, produit de 450 à 480 000 b/an et 50 000 b/an de 2èmes vins (Cailloux de By, La Roque de By). Petite excursion jusqu'à la belle vieille tour de pierre, ancien phare qui jadis guidait les embarcations sur la Gironde, dont on voit en contre-bas couler les larges eaux marron. Puis visite des beaux chais de bois anciens. Dégustation verticale, intelligemment menée: 1995, classique, robe profonde, encore tannique, qui peut attendre; 1996, tannins bien fondus, bouqueté et rond, à boire et à garder; 1997, arômes généreux, belle continuité au palais, qui peut être bu; 1998, déjà ouvert, manquant peut-être encore de charpente; et 1999, séduisant, entre le 97 et le 98 avec sans doute plus d'attaque et de puissance; conclusion avec un beau 1990, gras, corsé, bien grenat, que personne ne recrache... Ne pas hésiter sur le primeur 1999 à 57 F ttc.

Déplacement de quelques centaines de mètres vers Château Loudenne, chartreuse du XVIIème aux murs roses, maison d'hôte où nous sommes attendus pour déjeuner dans la belle salle des vendanges. Le repas comprend un agréable Loudenne blanc 1997 pour commencer et, bienvenu sur les magrets de canard grillés aux sarments, un Loudenne rouge 1995. Les nouveaux propriétaires, M. et Mme Lafragette, nous expliquent leur coup de coeur pour cette propriété, victorienne depuis un siècle, qui a été aussi une révélation pour nous. On sent toute la présence anglaise en descendant la magnifique pelouse fleurie jusqu'à la Gironde et l'ancien petit port - où Walter Gilbey débarque du bac Royan-Bordeaux pour acheter le pink château en 1897 - et dont le désenvasement est projeté. Seize suites et grandes chambres sont à louer, à un prix raisonnable (350-650 F). Château Loudenne à St-Yzans-de-Médoc, tél 05 5673 1780.

Charmail. Un petit château cossu et assez moche, construit au XIXème "avec les revenus de la récolte d'une seule année" nous raconte le propriétaire, Olivier Sèze. Le vignoble qui "descend au fleuve" a des parcelles au sous-sol assez hétérogène pour justifier un encépagement original à 50% merlot, 30% cabernet sauvignon (proportion à l'inverse de de son cher voisin Sociando-Mallet, que Bob Parker pense voir rattrapé à terme par Charmail ) et18% cabernet franc et 2% petit verdot. Olivier Sèze s'imaginait avoir une autre vie que celle de ses parents. D'abord ingénieur agronome en Afrique, son père, propriétaire de Mayne Vieil à Fronsac, lui suggère un peu par hasard de reprendre Charmail pour une bouchée de pain. Il galère pendant 15 ans tout seul dans le vignoble jusqu'à ces années récentes où il peut commencer à s'occuper de qualité. Nous avons dégusté sur place le 97, gras, large en bouche, puissant et tannique, à boire jusqu'en 2010; et le 98, intense, marqué par la mâche, avec des arômes de fruits confits, à garder. Charmail est en train de devenir l'un des vins les plus intéressants du Médoc. Excellent prix/ qualité à 63 F ttc / b, chez Woltner.

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