Lettre aux amis du monde entier buveurs de bon vin de Bordeaux... et d'ailleurs

 














NOS VOYAGES

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19 et 20 octobre 2002
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NORD MEDOC
SAMEDI 19 OCTOBRE 2002

CHÂTEAUX ROLLAN de BY, d'ESCURAC, LOUDENNE


De l'embouchure vers le Médoc
Nous sommes descendus à quatre depuis Paris avec les amis Raphaële et Philip Roffey à l’occasion de l'anniversaire de Philip, ce jour même. On a préparé le voyage à l'insu du bénéficiaire et la surprise se dévoile à lui par paliers. Arrivés à Royan, il commence à avoir sa petite idée sur la destination… On met la voiture sur le bac à Royan qui traverse l'embouchure de l’estuaire jusqu'à la Pointe de Grave. On aperçoit le phare de Cordouan, le plus vieux d'Europe, installé au XVIème siècle, sur 2000 pilotis, à la demande du maire de Bordeaux, Michel de Montaigne. Derrière lui là-bas à l'ouest, c'est New York. Assis sur la passerelle, on hume l'air un peu fade entre Gironde et Atlantique. Une fois débarqués au Fort du Verdon, on descend jusqu'à Saint-Vivien en longeant le chemin de fer de Bordeaux.

Nous y voilà dans ce nord du Médoc, plat et sauvage, marécage asséché à partir du XVIIème par les Hollandais, la Petite Flandre. Il y a encore de rares moulins à vent comme celui de notre cher Tour-Haut-Caussan, dont les grandes ailes, émergeant au-dessus des vignes, ornent la fameuse étiquette. Médoc, media aquae, presqu'île encore lacustre, irriguée au rythme des marées et draînée de "jalles", ces bras d'eau qui s'enfilent entre joncs et herbes folles jusqu'à leur "estey" où ils se jettent dans la Gironde, qu'on appelle ici "la rivière". Prendre à gauche le long de l'île Platin jusqu'au Port de Richard, passer le petit chenal de Guy, - couleuvre dont la peau reflète le ciel pommelé - . Le port de Goulée, des barques rouges et bleu, des baraques à outils de pêche, des petits voiliers modestes. Avançons entre lède (lande) et rive. Croisons un vieux cargo qui glisse mollement, nez vers l'embouchure. Dans l'ancien temps, les marins dit-on reconnaissaient chaque village dans la brume au son de l'Angélus et de la cloche des châteaux. C'est l’énorme masse d'eau de la Gironde (70 km de long, de 3 à 10 km de large, une petite mer) qui orchestre les vents, brasse l'humidité, feutre l'atmosphère et modère les températures, évitant le gel aux vignes des "croupes" mollement vallonnées, à portée de vue de la rivière.

Rollan de By, Médoc Cru Bourgeois, à Bégadan
Jean Guyon, un architecte d'intérieur parisien (Galerie Art et Décoration) qui a travaillé pour les princes d'Arabie saoudite, achète ici en 1989 les 2 ha du "château" Rollan de By avec l'idée de se faire son vin pour les amis. Vite devenu un mordu de la grappe, il achète 7 autres ha, puis encore 6. Il privilégie le merlot (70%) et expérimente la surmacération des moûts en allongeant la durée de fermentation (jusqu'à 4-5 mois au lieu de quelques jours) avant mise en barrique pour vieillissement (18 mois). Le vin est bien coloré, il brille, il est rond, puissant, goûteux. En moins de 10 ans, RdB devient une star mondiale. Puis Jean Guyon rachète La Clare et Tour Seran. Il est aujourd’hui à la tête de 76 ha et produit 450 000 b/an.

Cet après-midi, il est parti à New York pour Vinexpo. C'est son maître de chai qui doit nous attendre. Mais il n'est pas là non plus le pauvre, il se repose chez lui à Saint-Emilion sur l'autre rive, épuisé par la fin des vendanges. On lui montrerait bien de l'affection mais on ne sait pas trop comment s'y prendre. Un coup d'oeil aux brebis de fer sculpté sur la pelouse devant la demeure blanche; un autre à la coquette salle de dégustation. Le grand chai est clos : on aurait voulu voir les fameuses cuves plates dessinées par Guyon lui-même pour prolonger le contact entre les peaux et le jus et favoriser une meilleure extraction.

La mise en valeur du nord Médoc a commencé au début des années 60 par le dur travail sur des terres considérées comme improductives accompli par les pieds-noirs, - les Pagès (Tour de By, Noaillac), de Rozières (La Clare, Sestignan), Lapalu (Patache d'Aux, Lacombe-Noaillac). Les Rothschild eux, remembraient trois domaines à La Cardonne et investissaient à Ramafort. Des vignerons se mettaient à inventer, les Courrian à Tour Haut-Caussan, Roba à Vieux Robin, Bergey au Temple. Et les œnologues Jacques Boissenot, Bernard Couasnon, Georges Pauli ou le professeur Emile Peynaud, passaient dans les propriétés en conseillant plus de travail sur la vigne, plus de maturation (macération), moins de rendements, et de l'expression dans le verre, du fruit et du terroir. On doit s'attendre à encore des améliorations tant le gisement des 5 000 ha d'AOC Médoc est potentiel et, en certains coins, toujours secret. Les 560 producteurs dont 230 indépendants (80 Crus Bourgeois sur 330 pour la totalité de la rive gauche au nord de Bordeaux) répartis sur 16 communes, ne sont pas tous devenus des flèches. Les fastes années 80 leur ont apporté l'aisance, pas forcément l'ambition. Le vigneron médocain "peau de coquin" aime bien relever le carrelet ou aller faire un tour de chasse. Le fabuleux destin du vin, il n'y croit pas tant que ça et ne joue pas à tout coup le jeu de la qualité. Les petites années, il se débarrasse de la production au négoce. Quand il dit "j'ai réussi mon vin", il vaut mieux ne pas l'acheter. Mais s'il s'avance en soufflant "il n'est pas mal", mieux vaut saisir, come le rappelle le propriétaire de Tour-Haut-Caussan, Philippe Courrian (1). Certains restent incrédules devant la réussite des "excellents" et pensent qu'une petite exploitation doit rester telle, car en s'agrandissant elle perd son caractère.

Château d'Escurac, Médoc Cru Bourgeois, à Civrac
On repasse devant la tour de By; puis à côté de La Clare, repris depuis peu par J. Guyon et on longe le plateau où il produit sa fameuse cuvée "Haut Condissas" sur 1 unique ha (2). On traverse le village de Bégadan, direction Queyrac. 1 ou 2 km après à gauche, une "garenne" (ferme basse) sur une butte : Escurac. Jean-Marc Landureau nous y accueille avec son engageante sympathie et nous conduit dans le cuvier et les chais à barriques dont il a doté son exploitation, acquise il y a une dizaine d'années. Avant lui, les récoltes passaient à la coopérative - qui fait vivre les petits viticulteurs de tout le coin - , ou sortaient sous l'étiquette "Les Vieux Colombiers". Les vignes (60% merlot, 40% cabernet sauvignon avec un peu de petit verdot pour le goût d'épice) poussent sur une croupe de graves de 10 ha au milieu d'une ancienne zone marécageuse. Dans la chapelle romane du XIIème impeccablement restaurée sont conservés les vestiges d'un long passé vinicole, outils de viticulteur et de tonnelier - losse et asse -, fûts et baricots, pressoirs, etc.

Dégustation
- 2001 : ***, fort nez d'épices et de pin, de fruits aussi; bouche ample, assez tannique. Bien assemblé, bien charpenté, bien consistant. Attendre au moins 2005-6.
- 2000 : ****, le niveau au-dessus : tout y est, en mieux et avec plus de puissance et de concentration. Optimum à 10-12 ans.
- 1996 : **** : fruit mûr, dense, de la mâche, arômes de cassis et de végétal (menthe encore fraîche). Commencer à boire. Ce vin a gagné la coupe des Crus Bourgeois en 1999, la dernière à avoir été décernée avant le nouveau classement des CB publié fin juin 03 à Vinexpo. Il a révélé d'Escurac, en le plaçant aux tout premiers rangs des AOC Médoc.
Sur le 2002, J. M. Landureau : "après un mois d'août pourri, le soleil et le vent de septembre ont concentré la pulpe, l'ont réduite jusqu'à presque l'évacuer, un phénomène naturel que je n'avais jamais vu. Le merlot donnait de 13,8 à 14,2° et le CS 12,9°. La concentration rappellera le millésime 1990, en plus classique encore". Il obtient de très bonnes notes aux dégustations en primeurs (RVF, Le Point). Nous avons commandé 12 caisses en primeurs en mai 03.
- 1999, 2ème vin, "La Chapelle d'Escurac" : **, plus léger mais autant "typé Médoc" que le 1er vin (11,90e chez Monoprix).

En dégustant ces excellents vins d'Escurac, on se rend compte qu'on n'est vraiment plus à la mi-70, lorsque c'était souvent à sa mâche et à son amertume que se reconnaissait le vin du "bas Médoc", avec des tanins qui vous encageaient le palais comme ceux des Corbières mal dégrossis. On n'avait souvent que rudesse alors qu'on aurait rêvé de tendresse. C'était du vin qui parlait de terre, de pluie, de lune et de soleil, mais en patois. 35 ans après, il ouvre le rideau sur un théâtre au dialogue plus intelligible, dans un décor mieux constrasté, avec un scénario plus rondement mené. La proportion de merlot a augmenté (47% en moyenne, et jusqu'à 70% à Rollan de By, ou 85% à Coufran par exemple); le cabernet sauvignon, lui, s'est toujours bien plu ici (48% en moyenne, souvent plus). Fraternité et égalité : les deux cépages se partagent un terrain brouillon - grave, calcaire, marne, molasse, sable, argile -, conférant une incroyable variété aux crus du bout du Médoc. D'une année sur l'autre, l'AOC Médoc est devenu garantie de qualité. Nous avons des vedettes, les 4 ou 5 châteaux autour de By, Les Ormes-Sorbet, Potensac, Les Grands Chênes (3); des excellents, d'Escurac, Lafon, Bournac, Greysac, Tour Blanche; et tous ceux qui racontent leur propre histoire médocaine, Patache d'Aux, Tour Saint-Bonnet, Lousteauneuf, Ramafort, Chantelys entre autres. Si au cours des dernières décennies l'appellation s'est enluminée, amplifiée, arrondie et complexifiée, la substance première reste là, rustique - terroir et végétal -, drue, anguleuse et parfois râpeuse à Jau-Dignac et Loirac.

Château Loudenne, Médoc Cru Bourgeois, à Saint-Yzans
Dernière surprise du voyage, le gîte. Quel endroit plus charmant pour fêter cet anniversaire qu'une belle demeure sur la Gironde, une chartreuse (4) ? Château Loudenne, enduit de rose, a appartenu à la même famille de négociants anglais pendant 125 ans. En 1875, les frères Walter et Alfred Gilbey cherchaient un lieu pour confectionner leurs différents crus (notamment du Saumur pétillant !) et pour les stocker sans descendre jusqu'à Bordeaux, avant d'expédier vers Londres. À l'époque, Loudenne produisait déjà l'équivalent de 250 000 b/an et possédait un embarcadère. Les frères ont donc acheté ce "Gibraltar viticole", l'ont équipé, aménagé à la british - à l'extérieur (roseraies, pelouses pour cricket, puis croquet), comme au dedans (bibliothèques d'acajou, fauteuils à oreillettes devant les cheminées) - . Ils en ont pris soin jalousement, même entre les deux guerres lorsque les affaires allaient si mal, jusqu'à la vente récente de Gilbey/IDV à Grand Met (fusionné dans Diageo).

Loudenne devenu château d'hôtes, a été repris en 2000 par le créateur de l'apéritif Alizé, Jean-Paul Lafragette, qui met un point d'honneur à lui conserver son charme victorien. Les chambres sont habilement disposées dans le corps du bâtiment et dans les annexes, toutes de style différent. On dîne dans la "cuisine des vendanges" équipée des cuisinières anciennes en émail blanc, devant l'âtre où crépitent les sarments qui vont griller nos magrets. Josette est aux fourneaux et Sylvain, son mari, s'occupe de la cave. Ils sont ensemble à Loudenne depuis 35 ans.

Dégustation-dîner
En apéritif, le rosé de Loudenne issu de merlot, au fameux goût "beurre frais"; puis le blanc, assemblage de sauvignon et de sémillon, avec la salade médocaine; et le rouge ensuite. Que dire ? Il est toujours léger quelle que soit l'année. Lafragette a consulté Michel Rolland. Depuis 2000 c'est mieux au nez (cerise, violette), en bouche (tanins plus consistants), avec plus de fruit et de densité.

Il n'y a de plus grand plaisir qu'une soirée intime, où on se dit des bêtises, se fait des cadeaux, se ressasse quelques souvenirs et balbutie des projets, en terminant la soirée sur un cognac avec un cigare. Ce doit être cela le temps de l'amitié, être ensemble au présent, plaisanter sans effort, rire dans détour.



DIMANCHE 20 OCTOBRE 2002

CHÂTEAU COUFRAN


Château Coufran, Haut-Médoc Cru Bourgeois, à Saint-Seurin-de-Cadourne
Au petit matin en ouvrant les volets, le soleil voilé d'automne nous taquine l'oeil entre les tourelles qui encadrent le domaine. Balade dans les vignes rousses jusqu'au petit port où aboutissait la voie ferrée de l'embarcadère. Le vent fait claquer l'eau marron de l'estuaire contre la cale de vieille pierre. Retour par les anciens lotissements des "gens" du domaine.

Nous passons au-dessus d'un minuscule ruisseau entre St-Yzans et St-Seurin qui va au petit port mélancolique de la Maréchale, séparant les appellations Médoc et Haut-Médoc. Coufran est propriété de la famille Miailhe depuis huit décennies. Louis l'achète en 1924. Cinquante ans après, son fils Jean y ajoute Verdignan, en 1972. Et à la même époque, son petit-fils Eric achète des friches tout à côté, au lieu-dit Soudars, plante et crée un vignoble. Ce sont 300 ha en tout, dont 160 de vignes. Monsieur Jean est une figure : à partir de 1946 il a géré Citran, également propriété familiale attribuée à sa soeur et qu'il n'a pas pu reprendre face aux acheteurs japonais. En 1961, il a revitalisé le syndicat des crus bourgeois, plus de 400 à l'époque, souvent endormis et mal en point. Première mesure historique : faire acheter aux propriétaires des verres à dégustation, car on faisait goûter jusqu'alors dans des verres à moutarde (5).

Les vignobles Miailhe produisent 1 200 000 b/an et, depuis 1950 avec Casino, vendent en quantité aux grandes surfaces, - qui absorbent 70 à 75% de la production des vins en France - . Monsieur Eric a hérité des traditions familiales et désapprouve la mode des cuvées spéciales, des vins surextraits qui "s'apparentent à du body building. Nous pourrions en faire aussi, mais on aime mieux Claudia Schiffer que Cheeta la guenon. Quand un arabica est trop concentré on ne peut plus savoir quel goût il a. C'est pareil pour le vin". Coufran, leur "Pomerol du Médoc" (85% de merlot) reste égal à son image, étoffé et charnu, fruité dans sa jeunesse et souple à tout âge, emblématique de ce nord Médoc qu'on aime. "À côté, nous avons une superstar, Jean Gautreau à Sociando Mallet qui gagne tous les concours et toutes les distinctions, un très grand vin. Et une star, Gérard Depardieu, allié à Bernard Magrez (6) : ils trient les grains un à un et vont sortir un vin d’extraction". Pendant ce temps, assistés depuis 30 ans par les oenologues Jacques et Eric Boissenot, les Miailhe taillent, retaillent, assemblent, sélectionnent (55% de la récolte seulement vont au grand vin), baissent les rendements (42 hl/ha à Coufran et moins de 50 à Verdignan), investissent, modernisent, améliorent.

Dégustation
Après un tour des installations en compagnie de M. Surget, chef de culture fidèle à la propriété et à la famille Miailhe pendant 40 années, nous rejoignons la salle de dégustation vers midi, où sont préparés les 3 vins en millésime 1998, 1999 et 2000 :
1998. Soudars : belle acidité; un peu salé; Verdignan : plus nettement médoc, rondeurs légères, un peu d'épice, «moyennement corsé» comme dit Parker. Coufran : nez de cuir, tannique; commencer à boire en 2004.
1999. Soudars : beau nez médocain, de la maturité, de la finesse; Verdignan : peut être bu; un peu faible en épaisseur. Coufran : nez de barrique, ample, jeune, un peu sévère.
2000. Soudars : **1/2, du fruit, du bois, facile à goûter. Verdignan : ***, très belle densité; pourrait être bu. Coufran : trop jeune encore dans la bouteille (fermé).


(1) dans son excellent livre « Vigneron du Médoc » p. 197, écrit en collaboration avec le journaliste Michel Creignou, Ed. Payot, collection Récits de vie, Paris, 1996.

(2) Rollan de By (2002 à 11,34 e ttc/b) distribue Haut Condissas (2002 à 28,70 e ttc/b), Fleur de By (2ème de RdB, 2002 à 6,56 e ttc/b) et Tour Seran (Médoc CB, 2002 à 10,93 e ttc/b), positionné entre Ht Condissas et RdB, La Clare (Médoc CB, 2002 à 7,17 e ttc/b ); et aussi Haut Marbuzet (Saint-Estèphe CB, 2002 à 21 e ttc/b).
Château Rollan de By, 7 route Rollan de By, 33340 Bégadan; tél : 05 5641 5859; fax : 05 5641 3782.

(3) Le propriétaire Bernard Magrez dirige la maison de négoce William Pitters, qui a créé la marque Malesan, et possède une dizaine d'autres châteaux dont Pape Clément et La Tour Carnet.

(4) Résidence secondaire des familles bordelaises à partir du XVIIème, à une journée de cheval de la ville, soit une retraite de... chartreux. Manoir souvent de plain pied qui, lorsqu'il est à proximité de la Garonne ou de la Gironde, est construit parallèlement à elles.

(5) Cité dans « Conversations et souvenirs autour du vin de Bordeaux », Hugues Lawton, Jean Miailhe, Ed. Confluences, Bordeaux, 1999

(6) Gérard Depardieu, déjà propriétaire de Château Tigné en Anjou, s'est associé à Bernard Magrez pour mettre ses billes en bordelais (à Château Gadet, près de Coufran, AOC Haut-Médoc; 2 ha, 25 hl/ha; cuvée "Ma Vérité"); en Algérie (Côteaux de Tlemcen, cuvées " Monica" et "Confession de Saint Augustin"); et au Maroc (AOC Guerrouane, cuvée "Lumière"). Gérard Depardieu est lui-même associé à Carole Bouquet à "La Croix de Peyrolie" (Lussac-Saint-Emilion).

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