Lettre aux amis du monde entier buveurs de bon vin de Bordeaux... et d'ailleurs

 














NOS VOYAGES

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Samedi 26 et dimanche 27 mai 2001
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PESSAC-LEOGNAN, CHÂTEAUX LATOUR-MARTILLAC, DOMAINE DE CHEVALIER, CARBONNIEUX, SMITH HAUT LAFITTE
  • Château Latour-Martillac, Cru Classé de Graves Pessac-Léognan rouge et blanc
    Débouchant du maquis pavillonnaire de la banlieue sud de Bordeaux qui grignote le vignoble de Pessac et rendus à Martillac, la fameuse tour, isolée, nous apparaît sur la pelouse et voilà Tristan Kressmann qui vient nous accueillir. Cette tour est l'une des plus anciennes du Bordelais (XIIème) et Martillac a été ajouté au nom du château pour éviter les "bisbilles" avec Latour à Pauillac... Propriété depuis 1929 de la famille de négociants Kressmann, qui en embouteillaient déjà le vin au siècle dernier à Bordeaux, le domaine du premier "vrai château la tour" est géré par les frères Tristan (DG) et Loïc (DT), assistés de Valérie Vialard (oenologue) et conseillés par Denis Dubourdieu et Michel Rolland. Le vignoble couvre 40 ha produisant 250 000 b/an dont 1/3 en blanc.
    Assis sur un muret séparant la propriété du vignoble, Tristan nous rappelle que LTM est l'un des six crus classés à la fois en rouge et en blanc sur les 15 CC Pessac-Léognan, appellation instituée en 1987 pour différencier les terroirs les plus prestigieux du nord du vignoble, qui s'étend au sud jusqu'à Langon. Le Graves, le plus ancien vin du bordelais (vendu en Angleterre dès le XIIème siècle), ne regagne du terrain que depuis les années 1970 après en avoir perdu les 4/5. Ici les bonnes années sont différentes du Médoc: 1983 mieux que 82, 1987 remarquable, 1993 et 94 bien réussis, ceci en raison du bon draînage qui offre en années humides un meilleur mûrissement. Le 2000, jugé excellent, lui apparaît "miraculé" tant les aléa climatiques (pluie et froid pendant la fleur, sécheresse ensuite jusqu'au 10/10) ont été à l'opposé aux conditions normales de réussite d'un bon millésime.
    - Dégustation portant sur le 2000 blanc, encore trouble, évoquant les agrumes et le miel, délicatement acidulé; puis sur le 2000 rouge, grenat, nez de fruit et de moka, tannins assez souples, grand potentiel. Ensuite, déjeuner autour d'Agnès et Tristan Kressmann, dans la salle de réception du château au-dessus des chais, - où nous a rejoint notre ami Nicolas de Bailliencourt, administrateur du Château Gazin à Pomerol. Nous buvons le 1999 blanc 2ème vin, (Lagrave-Martillac) sur du pâté de crabe, assez profond et complexe, bien dans la lignée du 1er vin; Château Langlet 1999 rouge (5 ha récemment achetés à Cabanac sur un terroir "prometteur"); et enfin le 1996 rouge en 1er vin, sur fromages et fruits rouges, bien charpenté, épaisseur, puissance du bouquet, avec une garde de dix ans pour parvenir à l'onctuosité: ce Latour-Martillac rouge 1996 est resté sans rival face aux sept autres vins rouges bus lors de ce week-end.


  • Domaine de Chevalier, Cru Classé de Graves Pessac-Léognan rouge et blanc
    Après un détour au château de la Brède pour remémoration de l'univers de Montesquieu, nous parvenons, avec notre guide T. Kressmann, au Domaine de Chevalier, entouré de pins, propriété de la famille Bernard et administré par Olivier (frère de Patrick/Millésima). Il a appliqué le principe de perfection de son mentor, Claude Ricard, le propriétaire précédent, resté avec lui jusqu'en 1988: gestion parcellaire, sélection impitoyable des grappes, vendanges nocturnes en cas de forte chaleur, rémunération des vendangeurs à la qualité, séjour du vin blanc sur lie pendant tout l'hiver qui suit la vendange, introduction des techniques bourguignonnes de pigeage et de bâtonnage, vieillissement 18 mois en fûts, neufs à 50%. Les bâtiments et équipements, entièrement reconçus, comportent un cuvier en rotonde, un système de thermorégulation high tech et des chais préservant l'humidité naturelle par le sol. Production: 1er, 2ème vin (Esprit de Chevalier, jusqu'à 50% de la sélection) et 3ème vin (tout simplement Pessac-Léognan): 170 000 b/an en rouge (28 ha) et 18 à 20 000 en blanc (4 ha).
    - Dégustation conduite par Tristan Kressmann: le 1995 rouge en 1er vin, racé, bien charpenté, tannins liés mais encore assez astringent (comparé au 1996 bu deux heures plus tôt à Latour-Martillac), au fruit un peu masqué et qui devra encore évoluer quelques années (***1/2). Puis le 2000, bien né, avec des notes de mure, de cassis et de caramel (****). Enfin le 2000 en blanc, du meilleur effet sur les deux rouges, épanoui dès sa sortie de barrique, avec des notes d'acacia, très fin, aérien et dont la complexité excite l'imagination: ****1/2 , peut-être *****.

  • Château Carbonnieux, Cru Classé de Graves Pessac-Léognan rouge et blanc
    Passage le long de Château Bouscaut, propriété du clan Lurton, en route vers Carbonnieux, dont nous découvrons le vignoble, doucement pentu, draîné au fond du vallon par un cours d'eau ("l'eau blanche" !). Le château est une ancienne ferme fortifiée moyenâgeuse, de style plutôt gersois, restructurée, ainsi que les vignes, par les moines Bénédictins au XVIIIème siècle. repris dans les années 50 par la famille Perrin et dirigé depuis 1982 par Antony, suivi aujourd'hui de ses deux fils Philibert et Eric, directeurs techniques. C'est Philibert qui nous accueille puis nous guide au coeur des installations et des chais entièrement modernisés. Carbonnieux, "joyau des graves" est un des domaines les plus étendus (45 ha en rouge et 42 ha en blanc) produisant 550 000 b/an. Le rouge dont le velouté évoquerait le Volnay, peut s'épanouir 20 ans; et le blanc, très limpide, à la fois sec et fluide, légèrement acidulé, est reconnaissable à son arôme de miel d'acacia, à sa bouche de chêne fumé/grillé et peut se boire (frais) dès la 3ème année (maturité à 7-8 ans).
    - La dégustation porte sur le blanc 1999, marqué par le sauvignon "sur le fruit", avec un nez de fumé caillouteux dû aux graves profondes et que nous noterons ***. Nous quittons Philibert devant le château, qui accueille cette année les 1500 invités de la "fête de la fleur" organisée le 21/06 par la Commanderie de Bontemps du Médoc et des Graves.Après un diner à La Brède, nous passons la nuit à Martillac, dans un petit château aménagé en gîte, juste derrière l'église, non sans avoir partagé une bouteille de Clémentin 1997 (2ème vin de Pape Clément), que nous noterons **, pour fêter l'anniversaire de Jean-Jacques Lobel, célébré par les natifs de 1946.

  • Château Smith Haut Lafitte, Cru Classé de Graves Pessac-Léognan en rouge
    Accueil le dimanche midi 27/05 par Daniel Cathiard, célèbre propriétaire depuis 1990. Son épouse Florence et lui ont fait de Smith Haut Lafitte un lieu connu mondialement pour l'ensemble hôtelier des Caudalies (1), le lancement de la vinothérapie sans oublier l'amélioration du vignoble et de la vinification: replant de 17 000 pieds, vendanges manuelles, protection raisonnée (contre le ver de grappe et l'araignée rouge) et culture traditionnelle, construction d'un nouveau chai pour le blanc, sélection accrue des bois de chêne à barriques, création d'une tonnellerie (400 fûts/an) et retour aux cuviers de bois. D. Cathiard nous présente un composite élaboré par l'architecte Nadau, du sol et sous-sol des graves constitués de matériaux géolo-giques pauvres - argileux, convenant au merlot et calcaires, bons pour le sauvignon -. Sur ce terroir le domaine comprend 55 ha (44 en rouge, 11 en blanc) et produit en 1er et 2ème vin (Les Hauts de Smith), quelque 160-170 000 b/an en rouge et 50 000 en blanc.
    - La dégustation au chai porte sur le 1er vin 1999 en blanc (100% sauvignon): à la fois pointu et moëlleux, fruité d'agrumes mûrs, sec et rafraîchissant, noté ***1/2; puis sur le rouge 1998 en 2ème vin: nez de fruit, assez arômatique, "élaboré pour faire attendre le 1er vin", noté **. Nous continuons à le boire sur les amuse-gueules du déjeuner, servi dans une aile réservée du château avec les vins suivants: le 2ème vin en blanc 1999, sur le poisson (évoque le Lagrave-Martillac blanc de la veille) noté ***; le 1er vin 1997 en rouge, sur le canard, qui peut être bu maintenant avec une durée de 10-15 ans, noté **; et enfin le rouge 1988 1er vin, sur les fromages, **1/2 ou ***, peut-être un peu léger et sans toute la personnalité attendue de ce CC.

  • Château Olivier, Cru Classé de Graves Pessac-Léognan rouge et blanc
    Promenade digestive toujours en compagnie de Tristan Kressmann, autour du magnifique Château Olivier (XIIème siècle) fortifié, entouré de douves, chargé d'histoire (le Prince Noir, les Jurats, l'épouse de Montesquieu, etc. jusqu'à la famille de Bethmann, actuellement propriétaire et la naissance ici de la mère de Tristan), bordé de 250 ha dont 45 de vignes (33 en rouge) à 10 minutes de Bordeaux.

Un merci sincère à Tristan Kressmann pour son accueil à Latour-Martillac et sa disponibilité pour chacun des participants pendant ces deux journées ensoleillées de découverte, de sympathie et de détente dans des endroits inspirés. Son agréable et savante compagnie a pleinement contribué à la réussite de ce quatrième voyage-dégustation dans ce bordelais radieux.

NB. Sur les prix des vins dégustés, consulter PRIX 2000 EN PRIMEURS

(1) caudalie : unité de longueur d'un vin en bouche, équivalent à 1 seconde.

PARTICIPANTS : C et X d'Assy, B, C et D Berger, M et P Berger, H et J Biais, C et H Bridel, M et B Collet, J Collet et S Payet, B et R Ferragu, D et J J Lobel, W Lesage, D et P Prieu, L Pfeufer et J C Viodé, A et P Wagniart.

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