Château Brane-Cantenac (Margaux,
2ème cru classé)
Samedi matin doux et gris clair. Au bout du plateau de Cantenac, la
silhouette du château Cantenac-Brown en brique rouge et fenêtres à
meneaux Renaissance, à l'allure de manoir anglais (actuelle résidence
de l'université AXA). La petite route vire à gauche sur Brane-Cantenac,
- dont le nom s'inscrit en bleu clair au fronton du château, plus
modeste. C'est la superficie du vignoble qui est imposante: 85 ha
(70% cabernet sauvignon). Chai moderne (élevage pendant 12 à 18 mois
en fûts de chêne neufs à 40%), dans une architecture mêlant poutres
traditionnelles et matériaux contemporains. Un longue galerie, protégée
par des lattes de bois, tempère l'air à l'extérieur du grand chai.
Navire amiral de la flotte Lucien Lurton - il l'a répartie en léguant
un château à chacun de ses dix enfants! - Brane-Cantenac,2ème
cru de Margaux, est dirigé par le fils Henri. A Margaux aussi, ses
frères Gonzague et Denis dirigent respectivement Durfort-Vivens
(20 ha, également 2ème cru) et Desmirail (18 ha, 3ème). Reconnaissable
à sa fameuse étiquette or, la bouteille de Brane-Cantenac (env. 400
000/an y compris le 2ème vin, Baron de Brane, et Notton devenu 3ème)
contient la "quintessence des Margaux", séduisant jeune et pouvant
vieillir 25 à 30 ans. Autour d'un buffet nous sont servis un Brane-Cantenac
1997 et un Baron de Brane 1997 puis 1994.
Chateaux La Tour de Bessan (AOC Margaux), Villegeorge
(Soussans, Haut Médoc, cru bourgeois exceptionnel) et Duplessis (Moulis,
cru bourgeois)
Samedi après-midi pluvieux et gris sombre. Nous rencontrons Marie-Laure
Lurton-Roux à La Tour de Bessan. Ce n'est pas un château mais
un entrepôt au look rouille tendance FIAC, relais de transmissions
d'avant guerre. Il est éclairé d'une lumière bleue, faisant luire
de manière irréelle les cercles des fûts dans lesquels elle vinifie
et élève son jeune Margaux (20 ha, 60 000 b/an) dans la tradition
familiale Brane-Cantenac. M. L. Lurton, a à peine 40 ans, est oenologue,
est mariée à un médecin et élève deux enfants. Elle nous emmène visiter
Duplessis à Moulis (25 ha, 70 000 b/an), ex propriété, depuis
1983 de son père Lucien, qui y vinifiait Villegeorge, acheté
lui en 1973 (11 ha et 30 000 b/an sur Avensan et Soussans, jouxtant
Bel-Air-Marquis d'Aligre), là où nous nous rendons ensuite. Puis au
retour, dégustation de la Tour de Bessan 1998; du 2ème vin
de Villegeorge 1997 ("Reflet", qui s'appellera désormais "Refrain");
du Villegeorge 1996; du 2ème vin de Duplessis 1997 ("La Licorne");
et enfin du Duplessis 1995.
Château Phélan Ségur (Saint-Estèphe, cru bourgeois
exceptionnel)
Pluie lourde dimanche matin sur les quais de Pauillac, où nous avons
rendez-vous avec Xavier Gardinier. Appels de phare de sa 4x4 Toyota.
Il fait demi-tour et remonte le long de la Gironde jusqu'à la grille
de Phélan-Ségur puis nous guide autour du parc. L'homme est
souriant et nous accueille avec une rare chaleur. En 1985, il a vendu
ses parts de Pommery- Lanson pour acheter ces 64 ha de Saint-Estèphe
(60% cabernet sauvignon, 30% merlot, 10% cabernet franc), légués aujourd'hui
à son fils Thierry. Il y installe un tapis de tri comme en Champagne,
modernise, investit avec régularité, et hisse son Phélan-Ségur au
niveau des Montrose et des Calon-Ségur. L'aile gauche du château construit
au XIXème par l'irlandais Frank Phélan, est une spacieuse pièce carrée
équipée d'une loggia et donnant directement sur le chai. A l'autre
aile une cour, également carrée, adaptée pour des futurs concerts.
Nous dégustons le 1998 et le 1997, en 1er (Phélan-Ségur, 300 000 b/an)
et 2ème vin (Frank Phélan, 100 000 b/an). Puis, en apéritif, dans
son salon privé, Xavier Gardinier nous offre un Pommery 1989, pure
merveille. Pendant le déjeuner dans la grande salle à manger, nous
sont servis un Frank Phélan 1996 sur la salade aux truffes
et foie gras, pur, tannin souple, moyennement corsé; un Phélan-Ségur
1993 au nez de fumé, gras et déjà mûr, se livrant bien sur la viande
de veau; et avec le fromage un Phélan-Ségur 1988, classique, finement
bouqueté, tout en équilibre. Trois vins de très haute tenue, du meilleur
Saint-Estèphe, avec une révélation: le Frank Phélan 1996.
Nous avons été traités avec classe par un homme de classe; un habitué
de la réussite, professeur de bonheur, d'une foi exemplaire dans l'entreprise,
appuyée sur un solide sens des valeurs familiales et humaines. Nous
sommes repartis avec l'impression d'avoir rencontré un ami. Merci
à lui, venu spécialement de Paris ce dimanche pour nous recevoir à
Saint-Estèphe en son beau château Phélan-Ségur.
Et retrouvez le point de vue de Lincoln Siliakus, dans
Vin à lire
PARTICIPANTS:
Anne Froger et Lincoln Siliakus, Anne et Pierre Wagnard, Dominique
Martinaud et Pierre Prieu, William Murdoch, Brigitte et Renaud Ferragu,
Catherine et Henry Bridel, Marie-Hélène et Alain Pontnau, Daniel Berger.
retour
nos voyages
|